Regéneration tubes endormis

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Message  audion23 Jeu 3 Nov 2022 - 13:24

Bonjour tous , bonjour Françis

Je recherche sur le forum les méthodes de réveil de tubes anciens.

Je pense que nous en avons déjà parlé, mais je ne retrouve plus le fil.

Merci d'avance

Steph
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Message  paskwalito Jeu 3 Nov 2022 - 13:32

Steph
c'est ici la dernière fois qu'on en a parlé (Francis a redonné très clairement la marche à suivre  Wink ) :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il nous expliquait ceci:

francis ibre a écrit:Bonsoir Pascal,

pour tenter de réveiller un tube "endormi" il faut bien sûr du matériel, mais aussi un peu de pratique, et surtout... ne pas craindre de se planter !

Matériel :
- alimentation régulée réglable pour le filament
- alimentation réglable pour l'anode
- alimentation négative réglable pour la polarisation grille
- galvanomètre pour surveiller le courant d'anode

Tout cela nous fait pratiquement un lampemètre complet !

Dans l'idéal, il faudrait aussi un moyen de surveiller la température de la cathode et celle du filament : la cathode ne devrait jamais dépasser 1000°C, et le filament 1850°C.
Pour cela j'ai un vieux thermomètre optique du type "pyromètre à disparition de filament" qui est le meilleur moyen de mesurer précisément la température des métaux au-dessus de 800°C...
Au-dessus de 1000°C le revêtement de la cathode va s'évaporer très rapidement, et se condenser partout autour sur les micas et les grilles, créant des courants de fuite et rendant la grille émissive, donc le tube incontrôlable !
Et au-dessus de 1850°C le tungstène du filament va commencer à recristalliser en gros grains fragiles, qui ne supporteront pas les contraintes de dilatation/retrait lors des démarrages et extinction : le filament va casser à court terme...

Sinon, avec l'habitude (j'ai enseigné la métallurgie et les traitements thermiques pendant 25 ans) on estime à 25-30°C près la température des métaux grâce à leur couleur, entre 700 et 1000°C :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Nota : un thermomètre infra-rouge donnera des mesures fausses, parce que le verre du tube n'est pas totalement transparent aux infra-rouges ! (c'est pour ça que le bulbe chauffe...)

Le problème à résoudre ?
- normalement le revêtement de cathode est rendu conducteur grâce à du baryum "métal" dispersé dans la matrice d'oxydes de baryum, strontium et calcium.
- et normalement l'interface entre le nickel de "base" de la cathode et son revêtement est parfaitement conductrice...
- mais quand la cathode n'a pas fonctionné pendant longtemps, elle peut former une "barrière de cathode" qui est une couche résistive située à l'interface entre le nickel de la cathode et la couche émissive dont elle est revêtue. Le revêtement lui-même peut aussi présenter une résistance électrique anormale.

Ces "défauts" font que le tube va se comporter comme si le pouvoir émissif de la cathode avait nettement diminué...

Parlons maintenant du procédé : il est...complexe... Il s'agit de provoquer la diffusion d'éléments réducteurs, contenus dans l'alliage de nickel de la cathode, et qui vont lentement diffuser vers la couche de revêtement.
Ces éléments vont réagir avec les oxydes et les réduire, la réaction va libérer du baryum "métal" qui est conducteur, et petit à petit en quelques minutes, la conduction de la cathode et son pouvoir émissif vont retrouver leur caractéristiques attendues.

Pour que cette diffusion ait lieu, la température de la cathode doit s'élever suffisamment : en fonctionnement normal, à la température de 800-850°C habituelle des cathodes, cette diffusion est très très lente (mais suffisante pour maintenir la cathode en bon état) : sur un tube endormi, il faudrait quelques dizaines d'heures pour que la diffusion fasse son œuvre
La surchauffe est le seul moyen d'accélérer le processus !

Comment procéder :
- le tube est mis en chauffe dans les conditions normales de test :
- alimentation du filament à la valeur nominale, chauffage au moins 2 minutes ( la cathode est rouge cerise clair)
- application de la tension négative de grille, puis de la tension d'anode
- après stabilisation on mesure le courant d'anode : il est en-dessous du nominal...

C'est là que ça devient un peu... quitte ou double :
- on passe la tension de chauffage filament à 120% du nominal !
- le courant d'anode DOIT augmenter, assez vite au début, puis plus lentement après 20-30 secondes...
- il est possible que le courant ait carrément doublé de valeur : rien d'inquiétant !
- on laisse le tube comme ça pendant 2 minutes (c'est TRES long) et c'est là qu'on peut surveiller la température de cathode (orange)
- si on voit le courant d'anode stagner ou diminuer, on passe tout de suite à l'étape suivante sans attendre la fin des 2 minutes !
- on revient à la tension de chauffage nominale : après stabilisation , on mesure un courant d'anode qui a probablement progressé !  Wink

- on laisse reposer 5-10 minutes...
- on recommence...
- et on peut répéter ce cycle plusieurs fois
- si après 4 ou 5 cycles il n'y a plus de progrès, on doit être plus méchant !
- on va faire la même manip mais cette fois à 150% de la tension nominale...

Nota : sur les tubes à chauffage direct, on peut sans danger immédiat surchauffer TRES largement le filament-cathode : il m'est arrivé de chauffer à 250% du nominal pendant 10 minutes, dans un cas extrême d'une 2A3 totalement "dans le coma", voir ici en fin de page : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Les risques et leurs conséquences :
- comme expliqué plus haut :
- évaporation du revêtement émissif : courants de fuite, grille émissive (courant de grille), tube devenu incontrôlable
- effritement de la couche émissive : il suffit d'un point chaud... ça peut être fatal si les fragments entrent en contact avec la grille...
- recristallisation du filament de tungstène : peu de risque si on limite les surchauffes à moins de 5 minutes. Risque inexistant si chauffage direct avec filament revêtu.
- les autres problèmes pouvant arriver :
- dégazage d'un élément interne du tube : normalement dégazés vers 850-900°C, les métaux peuvent re-dégazer si on les porte au-dessus de 900°C...
- les micas peuvent aussi dégazer si surchauffés
- on aura alors un tube ayant retrouvé son débit, mais présentant des anomalies de courant grille gênantes : c'est raté !

Bilan : une chance sur deux de "récupérer" un tube !

Francis

je suis en train de voir le matos nécessaire (pas beaucoup de temps en ce moment Sad  )

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Message  œdicnème Jeu 3 Nov 2022 - 14:42

Certains mettent le tube fatigué dans un four domestique chaud. Je n'ai pas les détails mais il y a une raison physique qui permet de justifier l'opération. Le net doit avoir quelques pages là-dessus.
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Message  paskwalito Jeu 3 Nov 2022 - 16:30

œdicnème a écrit:Certains mettent le tube fatigué dans un four domestique chaud. Je n'ai pas les détails mais il y a une raison physique qui permet de justifier l'opération. Le net doit avoir quelques pages là-dessus.  
Oui j'ai vu ca aussi Oedicnème!
Ca doit être les mêmes qui mettent leurs vieilles piles au frigo pour leur redonner vie Very Happy
foutu pour foutu pourquoi pas Rolling Eyes
entre la pizza et la tarte aux pommes un petit tube endormi Laughing

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Message  Matthieu Jeu 3 Nov 2022 - 16:48

endormi et fatigué, je ne suis pas certain que ce soit la même chose, même si en apparence au lampemètre ça donne la même chose

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Message  paskwalito Jeu 3 Nov 2022 - 16:54

Matthieu a écrit:endormi et fatigué, je ne suis pas certain que ce soit la même chose, même si en apparence au lampemètre ça donne la même chose
non on est bien d'accord Matthieu et j'avais d'ailleurs posé la question à Francis uniquement pour des tubes endormis (quelques 2A3 et 6B4G des années 30/40 dans mon cas) Wink
un exemple concret j'ai acheté,il ya un bon moment, 6 tubes 6B4G Ken Rad de 1945: même boites (JAN CKR), même date code!
2 sont au dessus du nominal 4 sont en dessous....
est-ce que le vendeur en a "usé" 4 et pas touché les 2 autres neufs  Question
ou l'inverse (jamais touché les 4 endormis et juste réveillé les 2 autres) Question
impossible de savoir si ils sont endormis ou fatigués  Wink

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Message  œdicnème Jeu 3 Nov 2022 - 18:39

paskwalito a écrit:
œdicnème a écrit:Certains mettent le tube fatigué dans un four domestique chaud. Je n'ai pas les détails mais il y a une raison physique qui permet de justifier l'opération. Le net doit avoir quelques pages là-dessus.  
Oui j'ai vu ca aussi Oedicnème!
Ca doit être les mêmes qui mettent leurs vieilles piles au frigo pour leur redonner vie.
Je ne crois pas, c'était sérieux, explicable et a été commenté dans la presse anglaise que j'ai beaucoup suivie. J'ai un vague souvenir qu'il y avait une histoire de revêtement interne mais ma science tubiste est limitée (je lis quand même ici les fils tubiques qui me paraissent techniquement solides, ça me console du quasi désert solid state).
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Message  francis ibre Jeu 3 Nov 2022 - 20:48

Bonsoir à tous,

le passage au four, ou plus simplement le chauffage du flash avec un briquet, sont deux techniques pour dégazer un tube gazeux : en chauffant le flash du getter on le vaporise un peu et il se re-condense en adsorbant (c'est le terme exact) les molécules de gaz présentes.

Cela peut solutionner un problème de courant grille lié au gaz, mais ça ne peut en aucun cas réveiller ou recuire la cathode : pour cela il faut dépasser 800°C.

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Message  paskwalito Jeu 3 Nov 2022 - 21:00

œdicnème a écrit:
paskwalito a écrit:
œdicnème a écrit:Certains mettent le tube fatigué dans un four domestique chaud. Je n'ai pas les détails mais il y a une raison physique qui permet de justifier l'opération. Le net doit avoir quelques pages là-dessus.  
Oui j'ai vu ca aussi Oedicnème!
Ca doit être les mêmes qui mettent leurs vieilles piles au frigo pour leur redonner vie.
Je ne crois pas, c'était sérieux, explicable et a été commenté dans la presse anglaise que j'ai beaucoup suivie. J'ai un vague souvenir qu'il y avait une histoire de revêtement interne mais ma science tubiste est limitée (je lis quand même ici les fils tubiques qui me paraissent techniquement solides, ça me console du quasi désert solid state).

Oedicnème la mienne n'est pas énorme non plus (de science tubiste Very Happy ) mais mettre le tube entier dans un four ne semble pas top quand même.
Ca fait vraiment bricolage de fortune Shocked
Apres je ne dis pas que ça ne peut pas marcher: je n'en ai aucune idée Question
mais si c'était si simple cette astuce serait quand même largement employée....
Alors que la méthode décrite par Francis on la retrouve sur certains sites "sérieux" d'amateurs de TSF, de radioamateurs (francais ou étrangers) qui essayent de redonner vie à des tubes souvent très anciens et bien "endormis"
et quant aux "fils tubiques techniquement solides" c'est vrai qu'on a la chance d'avoir des "sachants" compétents qui prennent le temps de donner un coup de main et d'expliquer (sans rien imposer  Very Happy ) sur cette partie du forum.
c'est un bonheur d'apprendre dans ces conditions

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Message  banzai Jeu 3 Nov 2022 - 22:08

Bonsoir,

je vous livre ici une méthode qui a été utilisée avec plus ou moins de succès: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

j'ai trouvé bien plus simple de transmettre une page bien rédigée que de me lancer dans une rédaction qui m'aurait pris bien plus de temps pour peut être mal dire les choses.

bonne lecture
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Message  francis ibre Sam 5 Nov 2022 - 15:14

Bonjour à tous,

je ne suis pas du tout d'accord avec cette façon de procéder !
Si le surchauffage du filament - donc de la cathode - est normal et bien dosé, en revanche l'application d'une tension très élevée sur la plaque, et son rougissement, ne sont pas bons du tout pour le tube et surtout n'apportent rien !

Ce procédé s'inspire visiblement de la description du procédé de fabrication des tubes DER de M-O.V, fabriqués dans les années 30 sur le principe de "baryum vapor".

Dans ce principe, l'intérieur de l'anode est recouvert de baryum, et on la chauffe au rouge pour l'évaporer. il va ensuite se condenser sur le filament de tungstène qu'il recouvre d'une couche émissive.
Cette série de tube pouvait donc fonctionner avec le filament à température beaucoup plus basse que les tubes "tungstène thorié" de la génération précédente : on les aappelé "Dull Emitter" ou émetteur sombre...
C'était un procédé transitoire avant qu'on ne passe aux cathodes à oxydes qui sont devenues la norme jusqu'à aujourd'hui.

La plaque était chauffée par induction, donc par un solénoïde extérieur au tube, ce qui est sans danger...
Mais dans la pratique décrite par Jogis, la plaque est portée au rouge par un débit de courant énorme, qui risque fort d'épuiser la cathode alors qu'on cherche seulement à la réveiller, qui risque aussi de la dégazer, de surchauffer la grille, etc... bref, rien que des misères.

Je suppose que cette procédure a été décrite dans les années 30, pour la série de tube DE, mais elle ne peut pas s'appliquer aux tubes plus modernes.

Francis

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